Qu’est-ce que le protoxyde d’azote ?
Le protoxyde d’azote (N₂O), aussi surnommé « gaz hilarant », est un gaz incolore utilisé depuis longtemps dans le milieu médical pour ses propriétés anesthésiques et analgésiques. On le retrouve également dans l’industrie agroalimentaire, notamment dans les cartouches pour siphons à chantilly.
Cependant, depuis plusieurs années, ce gaz fait l’objet d’un usage détourné à des fins récréatives, notamment chez les jeunes. Inhalé directement depuis un ballon ou une cartouche, il provoque un effet euphorisant de courte durée. Mais cette pratique, en apparence anodine, est loin d’être sans risques.
Une consommation en forte hausse en France
En France, l’usage récréatif du protoxyde d’azote est en forte augmentation, notamment chez les adolescents et les jeunes adultes. Selon une enquête de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), cette pratique s’est largement répandue dans les milieux festifs, les établissements scolaires, et même dans la rue.
- Accessibilité facile : vendu librement sur Internet ou dans certains commerces, sous forme de cartouches alimentaires.
- Faible coût : une cartouche coûte entre 30 centimes et 1 euro.
- Effet rapide : le gaz provoque une euphorie quasi immédiate durant quelques dizaines de secondes.

Quelques chiffres clés :
- En 2021, près de 5,5% des élèves de 3e ont déjà expérimenté le protoxyde d’azote.
- En 2022, 13,7% des personnes âgées de 18 à 24 ans déclarent en avoir consommé.
- Les services d’urgences constatent une hausse significative des cas d’intoxication. Le centre d’addictovigilance de Lille enregistre 81 cas graves liés à la consommation de protoxyde d’azote, c’est 4,7 fois plus qu’en 2019.
Sources : OFDT et Santé Publique France
Quels sont les dangers du protoxyde d’azote ?
Contrairement à son image festive et « légère », le protoxyde d’azote peut entraîner des conséquences graves pour la santé.
Effets immédiats :
- Étourdissements
- Nausées
- Perte de coordination
- Troubles de la vision
- Pertes de connaissance
- Risques de brûlures internes liées à l’inhalation
Effets à moyen et long terme :
- Carences en vitamine B12, pouvant provoquer des troubles neurologiques graves
- Troubles cognitifs et psychiatriques
- Dommages au système nerveux (myélopathies)
- Risques d’asphyxie en cas d’inhalation prolongée ou en espace clos
- Risques de dépendance
Risque d’accident : L’effet euphorisant altère la perception et la coordination, augmentant le risque d’accidents de la route ou de chutes graves.
Quelle est la législation en France ?
Face à cette explosion de la consommation et à ses dangers, la France a renforcé son arsenal législatif.
Depuis la loi du 1er juin 2021, il est interdit :
- de vendre du protoxyde d’azote aux mineurs,
- d’en faire la publicité pour un usage détourné,
- d’en consommer dans l’espace public dans un but récréatif.
Des sanctions peuvent être appliquées en cas de non-respect, allant de contraventions à des peines plus lourdes si la consommation est liée à des comportements dangereux ou à du trafic.
Les capsules de protoxyde d’azote vendues en magasins sont supposées servir à la réalisation de recettes de cuisine. Cette vente libre sera interdite à partir de janvier 2026 et réservée aux professionnels.

Prévenir pour mieux protéger
La prévention est aujourd’hui essentielle pour freiner ce phénomène préoccupant. Plusieurs campagnes d’information ciblant les jeunes ont été lancées, notamment dans les établissements scolaires.
Quelques leviers d’action :
- Informer sur les risques neurologiques peu connus
- Sensibiliser les parents et éducateurs
- Renforcer les contrôles de vente dans les commerces physiques et en ligne
- Favoriser le dialogue avec les jeunes sur les pratiques festives à risque
Pour celles et ceux qui s’interrogent sur leur consommation ou celle d’un proche, il est important de savoir qu’il existe des structures d’écoute et d’accompagnement. Drogues Info Service propose un soutien anonyme et gratuit via le 0 800 23 13 13 ou sur leur site internet.
Par ailleurs, des centres spécialisés en addictologie sont présents partout en France pour accueillir, informer et accompagner les personnes concernées, qu’il s’agisse d’expérimentation, de consommation régulière ou de dépendance.
Ne pas rester seul face à ses questions ou à ses inquiétudes est une première étape vers la prévention et la réduction des risques.
Conclusion
Si le protoxyde d’azote peut paraître inoffensif, son usage récréatif présente des risques majeurs pour la santé. La hausse de sa consommation en France, notamment chez les jeunes, appelle à une vigilance accrue et à des actions concrètes de prévention.
Informer, encadrer et responsabiliser sont les clés pour limiter les dégâts de ce gaz aux effets trompeusement festifs.
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